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sweet home
d'Héloïse Sérazin
Cette série de photographies, dessins, peintures, collages, luminaires... se questionne sur l'habitat et l’être humain qui y vit.
Déjà, petite, je me revois, assise par terre dans le couloir, feuilletant avec intérêt un des grands livres d’architecture de mes parents. Adolescente, je dessinais le studio-loft de mes rêves avec ses grandes fenêtres. Maintenant, je pense : à quoi bon de grandes fenêtres si la vue donne sur les voisins ?
De Paris à Athènes, Rennes à Marseille, Moscou à Tokyo, l’urbanisme ne cesse de m’interpeller. Impressionnée par cette violente transformation des paysages et l’évolution des villes, je me questionne. Pourquoi ces choix esthétiques, cet empilement, cette monumentalité qui donne le vertige et provoque l’asphyxie ? J’observe ces espaces urbains comme des cristaux, des stalagmites, ces quartiers emprunts de caractère, ces routes hardies, les imbrications, les rafistolages. Je m’intéresse à la place de la lumière, de la verdure, à l’impact de la mode, des panneaux publicitaires, de la pollution. Ici et là, je photographie le ventre des villes avec curiosité, comme si elles me racontaient ceux qui y vivent. Il y a l’individualité, la communauté, le regard (ou non-regard) de la société, la différence. Il y a l’enfance et la poésie. Il y a le contraste entre l’avant et l’après, la vitesse, le temps qui passe, l’éphémère.
Quand le confinement est survenu, j’ai eu cette impression qu’on vivait dans Fenêtre sur cour d’Hitchcock. J’ai éprouvé fortement ce besoin de créer et, en opposition à ce silence des villes, de traduire leur frénésie dans une centaine de dessins. Je voulais non seulement parler de l’habitat, pointer du doigt l’uniformisation, dénoncer les problèmes de logement dans notre société sur-monétarisée, mais aussi traiter de l’individu et de son identité à la fois avec profondeur et gravité, tendresse et humour. À travers mes œuvres graphiques, j’écris de petites histoires mais j’aime que le spectateur choisisse la sienne, invente quelque chose que je n’avais pas imaginé.
Photographie
& art plastique
© Héloïse Sérazin